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Pourquoi les tempêtes fascinent-elles les artistes romantiques ?

Publié le 17 June 2021

Le tonnerre gronde entre les murs du musée de la Vie romantique !

Accueillant une exposition inédite intitulée Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet, le musée présente une soixantaine de toiles du XIXème siècle, où ciels et vagues se déchaînent, et entraînent dans leur tourmente bateaux et êtres humains.

Un stupéfiant spectacle, qui a séduit Gustave Courbet, Victor Hugo, Eugène Boudin… Pourquoi un tel succès ? Réponse en trois points.

Quand la tempête se fait miroir des émotions

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© Fabrice Gaboriau

À partir de la fin du XVIIIème siècle, la tempête apparaît comme un motif privilégié des artistes. En peinture, mais aussi en littérature et en musique, elle est très souvent convoquée par les représentants du Romantisme.

Ce mouvement, qui révolutionne alors les arts, porte la sensibilité de l’artiste à son plus haut degré : moins que la raison, ce sont les sentiments qui priment, dans leur expression la plus emphatique.

Les Romantiques apprécient donc particulièrement cette communion intense entre la mer et le ciel, ce désordre qui mêle l’endroit et l’envers, l’écume et les nuages.

Seul face aux paysage de Théodore Gudin (Tempête sur les côtes de Belle-Île, 1851) ou de Gustave Courbet (La Mer orageuse dit aussi La Vague, 1869-1870), le visiteur peut se laisser aller aux plus fortes angoisses… Et ressentir l’infinie fragilité de sa condition humaine.

 

Tempetes et naufrages visuel

Théodore Gudin (1802-1880), Tempête sur les côtes de Belle-Île, 1851, Huile sur toile, 132 x 203 cm, Musée des Beaux-Arts de Quimper - © Musée des Beaux-Arts de Quimper

Conversations entre peinture et sciences

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© Fabrice Gaboriau

L’intérêt artistique pour les tempêtes va de pair avec un intérêt scientifique grandissent pour les phénomènes météorologiques.

Les sciences telles que la biologie marine, l’océanographie et la météorologie connaissent dès la fin du XVIIIème un essor inédit, et les scientifiques partagent leurs observations et leurs connaissances au sein de salons, fréquentés par toutes sortes de personnalités.

La presse écrite et les ouvrages de vulgarisation scientifique permettent également une plus grande diffusion du savoir, et la curiosité des artistes pour la science s’accroît et s’enrichit. Ceux-ci acquièrent la capacité, grâce aux scientifiques, de retransmettre avec de plus en plus de fidélité l’aspect fou furieux d’une tempête, d’être particulièrement précis dans leurs descriptions, comme Louis Garneray (Le Naufragé, vers 1800) ou Pierre-Émile Barthélémy (Naufrage sur la côte bretonne, 1851).

La tempête, lieu de dramaturgie

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© Fabrice Gaboriau

Le point commun majeur entre les œuvres réunies au sein de l’hôtel Scheffer-Renan est la situation dramatique dans laquelle se retrouvent les personnages représentés : on n’aimerait guère être à la place de la jeune femme à la peau si blanche repêchée par deux hommes chez Jean-François Hue (Naufrage, 1823) ou dans les navires renversés, dessinés à l’encre brune par Victor Hugo.

Minuscules, les hommes ne sont ici que peu de choses face aux éléments qui les entourent. Marqués par les récits de catastrophes réelles autant que par le naufrage de Virginie, relaté dans le célébrissime texte de Bernadin de Saint-Pierre, Paul et Virginie (1787), les artistes aiment à illustrer cette confrontation avec la mort. Ils touchent ici au sublime, c’est-à-dire à une émotion extrêmement forte, faite de peur face à l’immensité chaotique qui nous dépasse.

La mer devient alors le lieu privilégié du pathétique… Pas étonnant que Le Radeau de la Méduse (1818-1819) de Théodore Géricault, ici présent à travers une esquisse, soit l’une des toiles les plus emblématiques du XIXème siècle – et de sa fascination pour les tempêtes et les naufrages !

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© Fabrice Gaboriau

Pour aller plus loin

Ecole du Louvre MVR 2

Les étudiants de l'École du Louvre dans l'exposition "Tempêtes et naufrages"

Informations pratiques

"Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet"
Exposition présentée jusqu'au 12 septembre 2021 au musée de la Vie romantique 

Hotel Scheffer-Renan
16, rue Chaptal
75009 Paris