Ilya Répine autoportrait
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Comprendre Ilya Répine en 5 œuvres

Publié le 3 novembre 2021

Le Petit Palais consacre au peintre russe Ilya Répine (1844-1930) sa toute première rétrospective française.

Une centaine de tableaux, dont de très grands formats, permettent de découvrir cette grande gloire de la peinture, aussi à l’aise dans le genre du portrait que dans celui des grandes scènes historiques. Si Répine est aujourd'hui méconnu en France, il est encore très célèbre en Russie. Son œuvre couvre près de soixante ans d’histoire ; avant-goût, en cinq chefs-d’œuvre.

Le plus humain : Les Haleurs de la Volga, 1870-1873

Premier grand tableau de l’exposition, Les Haleurs de la Volga a été peint par Ilya Répine alors qu’il n’avait pas trente ans. Ce tableau d’1,32 mètre sur 2,83 a été peint à la suite d’un voyage sur la Volga, fait avec deux amis peintres durant plusieurs semaines de l’année 1870. Observateur, Répine est alors fasciné par les haleurs, dont le travail très pénible consiste à tirer les bateaux à voiles le long du fleuve. Le peintre représente avec réalisme l’effort collectif épuisant, les peaux tannées par le soleil et les haillons qui leur servent de vêtements. Mais il individualise aussi chaque personne, leur conférant à tous une grande dignité. Chaque visage est rendu avec intensité, on devine ici son talent de portraitiste. Le tableau, commandé par le grand-duc de Russie, sera présenté en 1873 à l’Académie des Beaux-Arts où il sera très remarqué, et discuté ; à l’Exposition universelle de Vienne, il obtient une médaille d’or l'année suivante. La réputation de Répine est établie.

Ilya Répine, « Les Haleurs de la Volga », 1870-1873, huile sur toile, Musée Russe, St Pétersbourg

Ilya Répine, « Les Haleurs de la Volga », 1870-1873, huile sur toile, Musée Russe, St Pétersbourg

Le plus folklorique : Sadko dans le royaume sous-marin, 1876

Repiine, Sadko dans le royaume sous-marin, 1876,  Musée Russe, St Pétersbourg

Ilya Répine, Sadko, 1876,  Musée Russe, St Pétersbourg

Très haut (il mesure 3,22 mètres sur 2,30 !), ce tableau s’inspire ce tableau s’inspire d’une « byline », une chanson épique du folklore russe, qui raconte l’histoire de Sadko. Ce riche marchand, tombé dans le royaume sous-marin du tsar des mers, y est invité à choisir entre plusieurs fiancées. Cette huile sur toile aux accents symbolistes détonne absolument dans la production réaliste de Répine. Son abondance de détails, sa préciosité et son raffinement, en font une œuvre unique dans la production de l’artiste. Elle est le fruit d’une commande qui nécessita trois ans de travail, mais laissera le peintre insatisfait. C’est pourtant grâce à cette œuvre que l’artiste recevra le titre d’académicien à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. 

Le plus tendre : Libellule, 1884

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Ilya Répine, « Libellule », 1884, huile sur toile, Moscou, Galerie nationale Trétiakov

Ilya Répine réalisera, tout au long de sa carrière, près de 300 portraits. Pour chacun d’entre eux, il s’emploie à rendre intensément la psychologie de ses différents modèles : artistes, scientifiques, hommes politiques, femmes de la haute société… Il reçoit d’ailleurs de très nombreuses commandes. Marié et père de quatre enfants, il profite de l’intimité de la sphère familiale pour multiplier les portraits empreints de tendresse. Il peint sa femme endormie, sa fille alanguie sur un canapé... Ici, sa première fille, la jeune Véra pose en plein air, sur une barrière de bois. Répine, expert en cadrages audacieux, la représente en contre-plongée. Le peintre se souvient aussi de l’héritage des Impressionnistes, découverts lors de son premier séjour à Paris, pour le rendu des ombres colorées.

Le plus expressif : Les Cosaques zaporogues, 1880-1891

Ilya Répine est un grand peintre d’histoire, très méticuleux. Recherchant toujours l’exactitude et le réalisme y compris dans ses scènes historiques, il se documente beaucoup, fait des voyages et des recherches sur les costumes et accessoires. Cette toile monumentale, l’une des plus spectaculaires de l’exposition, en témoigne avec éclat : un groupe de cosaques hilares écrit au sultan ottoman Mohammed IV une lettre extrêmement grossière pour lui signifier qu’ils refusent de lui faire allégeance. La composition, travaillée avec grand soin, tourne en spirale autour de la plume sur la feuille ; le regard du visiteur s’attarde sur les visages aux expressions variées, joyeuses et truculentes ainsi que sur les nombreux détails de costumes et d’accessoires. Cette œuvre très expressive remportera un grand prix lors de l’Exposition universelle de Chicago en 1893. 

Repine - Les Cosaques zaporogues, 1880-1891,  Musée Russe, St Pétersbourg

Ilya Répine, Les Cosaques zaporogues,  Musée Russe, St Pétersbourg

Le plus audacieux : Quelle liberté !, 1903

C’est un peintre confirmé qui signe cette grande toile spectaculaire quasiment entièrement consacrée à la mer. En 1903, Répine vit et travaille dans une maison construite à Kuokkala, à une trentaine de kilomètres de Saint-Pétersbourg, dans le grand-duché de Finlande. Les rives du golfe de Finlande lui inspirent ce paysage fougueux, hymne à la jeunesse vibrant et majestueux. Dans le coin supérieur droit, un jeune couple s’amuse dans les vagues de ce tumultueux décor. A la vue de cette œuvre, le grand critique russe  Vladimir Stassov, qui avait défendu la peinture réaliste de Répine, s’alarma : son ami aurait-il cédé aux sirènes du symbolisme, à la représentation d’une pure allégorie ? Et Répine de répondre : « Quel symbole y aurait-il donc ! Il est bien vieux, le petit père, pour les symboles et tours de passe-passe. C’est juste un étudiant et une étudiante qui dansent la mazurka dans les vagues, rien que cela ! »

Repine Quelle liberté !, 1903

Ilya Répine, Quelle liberté!, 1903, Musée Russe, St Pétersbourg

Informations pratiques

"Ilya Répine (1844-1930), Peindre l'âme russe"

Exposition présentée jusqu'au 23 janvier 2022 au Petit Palais,
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris

www.petitpalais.paris.fr

Réservation conseillée sur notre billetterie en ligne

Expo Répine Autoportrait

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe au Petit Palais  ©Pierre Antoine

Ilya Répine, Autoportrait, 1887, Huile sur toile, Galerie nationale Trétiakov, Moscou

Expo Répine Les Haleurs de la Volga

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais  ©Pierre Antoine

Ilya Répine, Les Haleurs de la Volga, 1870-1873, Huile sur toile, Musée d’État russe, Saint-Pétersbourg

Expo Répine Sadko

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais ©Pierre Antoine

Ilya Répine, Sadko dans le royaume sous-marin, 1876, Huile sur toile, Musée d’État russe, Saint-Pétersbourg

Expo Répine libellule

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais ©Pierre Antoine

Ilya Répine, Libellule, 1884, Huile sur toile, Galerie nationale Trétiakov, Moscou

Expo Répine Les Cosaques

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais ©Pierre Antoine

Ilya Répine, Les Cosaques zaporogues, 1880-1891, Huile sur toile, Saint-Pétersbourg, musée d’État russe

Expo Répine Liberté

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais  ©Pierre Antoine

Ilya Répine, Quelle liberté !, 1903, Huile sur toile, Galerie nationale Trétiakov, Moscou

Expo Répine

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais ©Pierre Antoine

Expo Répine, Alexandre III

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais  ©Pierre Antoine

Alexandre III recevant les doyens de cantons dans la cour du palais Pétrovski à Moscou, 1886, Huile sur toile, Moscou, Galerie nationale Trétiakov

 

Expo répine gopak

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais  ©Pierre Antoine

Le Gopak. Danse des cosaques zaporogues, 1926-1930, Huile sur linoléum, Myra Collection

Expo répine entrée

Exposition Ilya Répine, Peindre l'âme russe, au Petit Palais  ©Pierre Antoine