Louis-Léopold Boilly (1761-1845) L’Ébahi, vers 1808-1810
Actualité

La vie à Paris selon Boilly en 5 œuvres

Publié le 8 mars 2022

Injustement méconnu du grand public, le peintre Louis-Léopold Boilly (1761-1845) est exposé au musée Cognacq-Jay jusqu’au 26 juin. Scènes de genre piquantes, caricatures hilarantes, portraits savoureux et scènes de rue bien senties nous font redécouvrir un Paris disparu, abondamment illustré par Boilly entre la fin du XVIIIème et le milieu du XIXème siècle.

L’Arrivée d’une diligence dans la cour des Messageries, 1803

Louis-Léopold Boilly (1761-1845)L’Arrivée d’une diligence dans la cour des Messageries,

Louis-Léopold Boilly (1761-1845)L’Arrivée d’une diligence dans la cour des Messageries, 1803 Huile sur panneau, 62 × 108,5 cm Paris, musée du Louvre© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Philippe Fuzeau

Précisément travaillée par de nombreuses études préparatoires, cette huile sur panneau de plus d’un mètre de largeur nous invite dans une rue de Paris. La ville est représentée avec exactitude : nous sommes ici devant la façade nord de la cour des Messageries, non loin de la rue Montmartre, et assistons à une tendre scène de retrouvailles familiales. Mais si le point d’orgue de la composition se trouve au centre, dans ce couple qui s’embrasse et qui n’est autre que Boilly et son épouse, de multiples historiettes entourent les amoureux : voyageurs entourés de ballots, soldats en tenue, chiens joueurs…

Le passage de la planche, vers 1810-1814

Louis-Léopold Boilly (1761-1845) Le Passage de la planche, vers 1810-1814

Louis-Léopold Boilly (1761-1845) Le Passage de la planche, vers 1810-1814 Huile sur toile, 32,5 × 40,5 cm Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, Don Mme Albert Lehmann © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Philippe Fuzeau

Imaginez un peu : jusqu’aux grands travaux du baron Haussmann, Paris n’avait guère de trottoir ! Il fallait donc aux Parisiens, les jours de pluie, multiplier les précautions. Les astucieux pouvaient en profiter et offrir aux bourgeois de passer sur des planches, leur évitant en échange de quelques sous de tremper robes et pantalons. C’est ce qu’illustre ici Boilly, invitant sous les parapluies un portrait de famille ravissant, introduit à gauche par le bras tendu du vendeur de rue.

Distribution de vin et de comestibles aux Champs-Élysées, à l’occasion de la fête du roi, 1822

Louis-Léopold Boilly (1761-1845)Distribution de vin et de comestibles aux Champs Élysées

Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Distribution de vin et de comestibles aux Champs Élysées, à l’occasion de la fête du roi, 1822   Huile sur toile, 97 × 129 cm Paris, musée Carnavalet – Histoire de ParisCC0 / Musée Carnavalet / Paris Musées

Quel chaos ! Les arbres verdoyants et les tenues légères portés par les protagonistes de cette scène de liesse évoquent avec brio un rituel estival du roi Louis XVIII, qui faisait distribuer vivres et vins au mois d’août. Encore une fois, Boilly s’en donne à cœur joie et fait le portrait de la ville par ses habitants, ici livrés aux plus tristes ivresses. Bagarres, regards flous, enfants déchaînés et personnages piétinés donnent de cette journée de générosité l’image d’une aberration.

 

La Prison des Madelonnettes, vers 1815-1819

Louis-Léopold Boilly (1761-1845) La prison des Madelonnettes, rue des Fontaines

Louis-Léopold Boilly (1761-1845) La prison des Madelonnettes, rue des Fontaines, vers 1810. Peinture à l'huile, Musée Carnavalet, Histoire de Paris 

Divisée entre l’ombre et la lumière, cette composition parfaitement ordonnée nous invite derrière des murs d’ordinaire fermés à double tour : ceux de la prison située à deux pas de chez Boilly, un ancien couvent de l’ordre des filles de Marie-Madeleine. Si, dans la lumière, des femmes bavardent avec les gendarmes, l’ombre embrasse quant à elle les prisonnières à la peine. Cette allusion à la prostitution féminine montre les hommes en armes à la fois comme des gardiens de prison, et de potentiels clients…

Le Spectacle ambulant de Polichinelle, 1832

Boilly, Le Spectacle ambulant de Polichinelle

Louis-Léopold Boilly (’­1761-1845), Le Spectacle ambulant de Polichinelle, ­1832. Huile sur toile, 33×41cm. Wiltshire, The Ramsbury Manor Foundation © The Ramsbury Manor Foundation

Que d’informations dans cette scène de rue ! Si le centre de l’attention est à droite de la composition – le petit théâtre de marionnettes attirant (presque) tous les regards –, il est indéniable que le plaisir de l’artiste réside dans la représentation de la foule bigarrée qui y assiste. On observera donc attentivement les visages, terrain de jeu favori de Boilly, qui multiplia tout au long de sa vie les portraits et les caricatures... Mais aussi les différentes allures des personnages, des silhouettes bourgeoises aux garçons des rues en vestons déchirés, ou encore des enfants aux joues roses à la mendiante affligée, modestement installée dans l’ombre… N’osant s’offrir le plaisir du spectacle de Polichinelle.

Informations pratiques

"Boilly, Chroniques parisiennes"

Exposition présentée jusqu'au 26 juin 2022 au musée Cognacq-Jay.

8 rue Elzévir
75003 Paris

www.museecognacqjay.paris.fr

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