Susan Meiselas, Sandinistes
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Qui sont les 8 photographes de guerre mises en lumière au musée de la Libération de Paris ?

Publié le 16 mars 2022

C’est pour le 8 mars 2022, à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, que l’exposition « Femmes photographes de guerre » a ouvert ses portes au Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin. Elle présente les images de huit d’entre ces femmes qui ont couvert divers conflits à des époques différentes : Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole et Anja Niedringhaus. En avant-goût, découvrez ci-dessous leurs vies singulières !

Lee Miller : du mannequin aux camps de concentration

Lee Miller

Lee Miller, Chirurgien et anesthésiste réalisant une opération dans le 44e hôpital de campagne près de La Cambe en Normandie. France, 1944

© Lee Miller Archives, England 2022

C’est dans les années 20 et en tant que mannequin que Lee Miller (1907-1977) se fait connaître, quand Vogue lui offre d’apparaître en une du célèbre magazine. Lorsqu’elle arrive à Paris en 1929, sa rencontre avec Man Ray, dont elle devient l’assistante et l’amante, l’inspire jusqu’à lui donner envie de créer son propre studio de photographie. Les années 40 la voient devenir correspondante de guerre pour Vogue… Accréditée par l’armée américaine, elle découvre avec les soldats l’horreur des camps de concentration.

Gerda Taro (1910-1937) : auprès des républicains espagnols

Gerda Taro, Soldats républicains à La Granjuela sur le front de Cordoue. Espagne, juin 1937

Gerda Taro, Soldats républicains à La Granjuela sur le front de Cordoue. Espagne, juin 1937 © Courtesy International Center of Photography

Le nom de Gerda Taro est resté dans l’oubli pendant plus de soixante ans. C’est très récemment que l’on a redécouvert cette jeune juive allemande, exilée à Paris pour son engagement politique. Elle y rencontre un jeune photographe, Robert Capa, avec lequel elle fait équipe. Ils partent couvrir la guerre civile en Espagne pour le compte de magazines communistes illustrés. Photographiant les troupes républicaines et les victimes civiles, Gerda Taro meurt écrasée par un char. Elle n’avait pas encore 27 ans.

Catherine Leroy (1944-2006) : le Vietnam au plus près des soldats

Catherine Leroy, Sans titre [Bombardement américain de la province de Binh Dinh, Vietnam, septembre 1966].

Catherine Leroy, Sans titre [Bombardement américain de la province de Binh Dinh, Vietnam, septembre 1966] © Dotation Catherine Leroy

Née en région parisienne, Catherine Leroy décide de s’envoler pour le Viêtnam en 1966, à 21 ans. Là, elle se retrouve au cœur de la guerre. Aux côtés des Marines américains, elle saute en parachute et braque sa caméra sur les soldats au cœur du conflit. Elle est même brièvement capturée par les Vietcongs qui la libèrent afin qu’elle témoigne de leur force. Après son passage au Viêtnam, Catherine Leroy filme les vétérans américains puis couvre différents conflits.

Christine Spengler (née en 1945) : “Une femme dans la guerre”

Christine Spengler, Bombardement de Phnom Penh,  Cambodge, 1975

Christine Spengler, Bombardement de Phnom Penh,  Cambodge, 1975

Christine passe son enfance à Madrid et s’imprègne des œuvres du musée du Prado. Au cours d’un voyage en Afrique, elle décide d’apprendre, sur le terrain, le métier de photographe de guerre. Elle a parcouru le monde et photographié des conflits en Irlande, au Viêtnam, au Cambodge, en Iran… Christine Spengler a rédigé ses mémoires et travaille actuellement à Paris sur des œuvres artistiques.

Françoise Demulder (1947-2008) : lauréate du World Press Photo

Françoise Demulder, Le massacre du quartier de La Quarantaine

Françoise Demulder, Le massacre du quartier de La Quarantaine.  Beyrouth, Liban, 1976

© Succession Françoise Demulder/Roger-Viollet

Françoise Demulder étudie la philosophie et travaille comme mannequin avant de se rendre au Vietnam photographier la guerre. Elle travaille pour l’agence Gamma. Elle se rend ensuite au Cambodge, en Angola, au Liban, en Irak. Sa photographie du massacre de la Quarantaine, à Beyrouth (Liban) en 1976 lui vaut une récompense : l’année suivante, elle est la première femme photographe à recevoir le World Press Award.

Susan Meiselas (née en 1948) : des Carnival Strippers à la guerre civile au Salvador

Susan Meiselas, Sandinistes

Susan Meiselas, Sandinistes devant le quartier général de la Garde nationale à Estelí. Nicaragua, juillet 1979 © Susan Meseilas/Magnum Photos

Susan Meiselas est américaine, diplômée en arts visuels. Elle a produit plusieurs séries sur la condition des femmes aux États-Unis avant de rejoindre l’agence Magnum. Elle a couvert des zones de conflit en Amérique du sud (Nicaragua, El Salvador) et a été récompensée par la médaille d’or Robert Capa en 1979. De nombreuses institutions ont exposé son travail aux Etats-Unis, et aussi en France, des Rencontres d’Arles, au musée du Jeu de Paume.

Carolyn Cole (née en 1961) : les couleurs de la guerre

Carolyn Cole

Carolyn Cole, Une photo de Saddam Hussein, criblée d’impacts de balles, est recouverte de peinture par Salem Yuel. Les symboles des dirigeants politiques ont disparu de Bagdad peu après la prise de la ville par les troupes américaines. Bagdad, Irak, avril 2003

© Carolyn Cole / Los Angeles Times

Carolyn Cole a fait des études de photojournalisme aux États-Unis. Après avoir été photographe pour plusieurs journaux, elle rejoint l’équipe du Los Angeles Times en 1994. Elle couvre la guerre au Kosovo, puis en Afghanistan, en Irak et dans les territoires palestiniens. Elle a reçu le prix Pulitzer pour son reportage au Libéria. Son travail se caractérise par une attention aux éclairages et aux couleurs qui permettent au spectateur de regarder la guerre.

Anja Niedringhaus (1965-2014) : son nom est devenu un prix

Anja Niedringhaus

Anja Niedringhaus, Des Marines américains font irruption au domicile d’un député irakien dans le quartier d’Abou Ghraib. Bagdad, Irak, novembre 2004 © Anja Niedringhaus/AP/SIPA

Anja Niedringhaus est allemande et a étudié la philosophie et le journalisme. En 1990, elle est la première femme à être engagée par l’European Pressphoto Agency. En 2002, elle travaille pour l’Associated-Press. Elle se rend en Yougoslavie, en Irak, au Proche-Orient et en Libye. Photographe « embarquée » avec les troupes américaines en Afghanistan, elle vit avec les soldats et témoigne de leur désarroi et de leurs souffrances. Elle est tuée sur le terrain alors qu’elle couvrait les élections en Afghanistan.

Informations pratiques

"Femmes photographes de guerre"

Exposition présentée jusqu'au 31 décembre 2022 au musée de la Libération de Paris

4 Avenue du
colonel Henri Rol-Tanguy
75014 Paris

www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr

Réservation conseillée sur notre billetterie en ligne